Un mort, 65 cas recensés : ce qu’il faut savoir sur l’épidémie de choléra à Mayotte
Le ministre de la Santé Frédéric Valletoux, en déplacement à Mayotte, a indiqué que 3 700 personnes avaient déjà été vaccinées pour freiner l’épidémie de choléra sur l'île.
L’épidémie de choléra a fait une première victime à Mayotte. Une fillette de trois ans est décédée des suites de la maladie, ont annoncé ce mercredi 8 mai la préfecture et l’Agence régionale de santé dans un communiqué. "L'enfant habitait dans le quartier de Koungou dans lequel plusieurs cas de choléra avaient été identifiés ces dernières semaines", précisent les autorités sanitaires.
Ce premier cas mortel est intervenu à la veille du déplacement du ministre de la Santé Frédéric Valletoux à Mayotte ; une visite prévue depuis plusieurs jours. Les premiers cas de choléra à Mayotte avaient été recensés mi-mars chez des personnes revenant des Comores voisines, où l'épidémie flambe avec 98 décès selon le dernier bilan officiel. Voici tout ce qu’il faut savoir sur l’épidémie en cours sur l’île.
Une épidémie "sous contrôle"
Il n'y a "pour l'instant qu'un seul foyer" connu, a déclaré Frédéric Valletoux au micro de RTL : le quartier Kirson à Koungou, où le premier décès a été enregistré. Le ministre de la Santé a toutefois relevé une "lente élévation du niveau de personnes touchées". Au total, 65 cas de contamination au choléra ont pour l’instant été signalés et 3 700 personnes vaccinées à Mayotte, a également précisé Frédéric Valletoux ce vendredi 10 mai.
L'épidémie "est sous contrôle" et "circonscrite", grâce à "une intervention des services de santé sur la vaccination, la prise en charge, l'accompagnement des personnes touchées", a précisé M. Valletoux. "La stratégie vaccinale pour le choléra n'est pas de vacciner tout azimut et à l'aveugle", mais "par paliers", avec une vaccination de l'entourage des personnes touchées et des gens ayant été en contact avec celles-ci dans les dernières 48 heures, a expliqué le ministre.
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Quelles sont les mesures prises pour freiner l'épidémie ?
Un protocole élaboré en février pour éviter la propagation de la maladie prévoit la désinfection du foyer du malade, l'identification et le traitement des cas contacts et une vaccination "en anneaux", en élargissant progressivement la zone concernée autour de l’habitation du patient atteint de choléra.
"Nous distribuons également des antibiotiques aux proches et nous vaccinons le plus possible. La population est très réceptive", a expliqué Olivia Noël, coordinatrice terrain qui fait partie des 29 réservistes venus en renfort pour "contenir l'épidémie" dans cette île française de l'océan Indien.
Estelle Youssouffa, députée Liot de Mayotte, a rappelé que "la population, en majorité étrangère, n'a pas toujours de téléphone et a souvent peur des autorités" donc "les gens attendent le dernier moment" pour prévenir les secours. L'élue préconise de relancer la distribution de bouteilles d'eau pour limiter les risques de contamination par une eau impropre, l'un des vecteurs de transmission de la maladie avec les aliments contaminés.
Quels sont les risques du choléra ?
Le choléra, maladie bactérienne qui peut provoquer des diarrhées aiguës et entraîner la mort par déshydratation en un à trois jours, se transmet par l'eau ou des aliments contaminés. Santé publique France indique que "la plupart des personnes contaminées par Vibrio cholerae", le bacille présent dans l’eau et responsable de la toxi-infection digestive, "présentent peu ou pas de symptômes, bien qu’on puisse retrouver le bacille dans leurs selles pendant une à deux semaines".
Chez les personnes touchées par le choléra, "80 à 90 % des épisodes sont bénins ou modérément sévères et il est alors difficile de les distinguer cliniquement d'autres types de diarrhées aiguës", explique l’autorité sanitaire. "Moins de 20 % des malades développent l’ensemble des symptômes typiques du choléra, avec des symptômes de déshydratation modérée à sévère : violentes diarrhées abondantes en « eau de riz », vomissements, sans fièvre." En l'absence de traitement ou de vaccin, la mort survient en un à trois jours, particulièrement chez les enfants, les personnes âgées et les individus fragiles.