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Une femme enceinte et son nouveau-né décèdent pendant un accouchement à domicile

Les causes du décès d'une jeune femme et de son nouveau-né sont encore inconnues. Mais cet événement relance le débat autour de la pratique controversée de l'accouchement à domicile.

Alexis Llanos
Rédigé le , mis à jour le
La femme est décédée avant d'avoir pu atteindre le centre hospitalier de Fougères  —  Google Street View

Les faits se sont déroulés près de Fougères, en Ille-et-Vilaine. Ce vendredi 17 novembre, une femme de 36 ans et son nouveau-né sont décédés pendant l'accouchement. La jeune femme avait prévu d’accoucher à domicile, assistée par une sage-femme. "L'autopsie de la parturiente n'a pas à ce stade permis de déterminer la cause de son décès", indique au Figaro le procureur de la République de Rennes Philippe Astruc le lundi 20 novembre.

Ces deux décès remettent en lumière les risques de l’accouchement à domicile, pratique controversée dans le domaine médical, alors que la recherche peine à évaluer le degré réel des risques.

Les causes de la mort encore inconnues

La femme enceinte avait été suivie par une sage-femme exerçant en libéral depuis le début de la grossesse. Lorsqu'elle ressent des contractions en début de matinée, elle la contacte pour procéder à l’accouchement à son domicile. Mais en fin d’après-midi, la sage-femme appelle les pompiers afin d’organiser un transfert à la maternité de Fougères.

La jeune femme est alors conduite par les pompiers aux urgences de l'hôpital de Fougères. À son arrivée, "le médecin a constaté le décès in utero" de l'enfant à naître, relate le procureur de la République de Rennes. La femme décède plus tard dans la soirée, avant d’avoir pu être transférée dans un centre hospitalier, précise encore le parquet. Celui-ci a par la suite ouvert une enquête pour déterminer les causes de la mort, et a ordonné une double autopsie.

"Beaucoup plus dangereux d'accoucher à domicile"

L’accouchement à domicile est une pratique autorisée et même remboursée par la sécurité sociale. Cependant, une grande partie du personnel médical déconseille cette méthode. "Dans la situation française actuelle, il est beaucoup plus dangereux d'accoucher à domicile que dans un milieu médicalisé", juge auprès de l'AFP Joëlle Belaisch Allard, présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF).

Pour de nombreux médecins, le choix d'accoucher à domicile est difficilement compréhensible, au vu de la sécurité apportée par les ressources d'un hôpital, et va à l'encontre des progrès de la médecine. Des complications peuvent en effet survenir et mettre en danger la vie de la mère et de l’enfant.

À lire aussi : Accoucher à domicile : pour qui et à quelles conditions ?

Peu de décès mais davantage de complications

Cependant, un seul cas de décès en accouchement à domicile a été recensé en 2020 dans le rapport de l’association professionnelle de l'accouchement accompagné à domicile (Apaad). Ce rapport, publié en 2021, évoquait en revanche une hausse de certaines complications médicales, comme les hémorragies post-partum ou le taux de décès néonatal (de 0 % les années précédentes à 0,2 %).

Et au-delà du front médical, les positions des autres professions ou d'autres pays sont moins unanimes. En France, les sages-femmes ne se prononcent par exemple pas en bloc contre l'accouchement à domicile. Et, dans d'autres pays comme les Pays-Bas ou les États-Unis, les sociétés savantes médicales sont bien plus ouvertes à cette pratique.

36 % des Françaises voudraient accoucher chez elles

En France, moins de 1 % des naissances sont réalisées à domicile, et seulement 0,14 % se déroulent sans transfert en hôpital, selon le rapport de l’Apaad. Cependant, de plus en plus de Françaises choisissent cette option, la préférant à une surmédicalisation de l'accouchement en hôpital.

En janvier 2021, une enquête Ifop montrait ainsi que 36 % des femmes entre 18 et 45 ans souhaitaient accoucher chez elles si elles en avaient la possibilité.

"Deux façons de penser la grossesse et l'accouchement"

Si les études portant sur l’accouchement à domicile sont nombreuses, elles sont contradictoires quant au risque réellement représenté par cette pratique. Il n’y a pour le moment aucun consensus scientifique qui permettrait de trancher le débat.

Cela dépend également des priorités des soignants. Entre médecins et sages-femmes, "il y a deux façons de penser la grossesse et l'accouchement qui sont complètement différentes, les uns axés sur la pathologie et le risque, les autres plutôt sur la normalité", souligne auprès de l'AFP la sociologue Béatrice Jacques, spécialiste des problématiques de périnatalité. Accoucher à domicile offre ainsi aux patientes un environnement connu et moins anxiogène, à partir du moment où elles présentent peu de facteurs de risques.

Prendre soin des femmes après leur accouchement  —  Le Magazine de la Santé - France 5

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