Variole du singe, grippe aviaire... faut-il craindre de nouvelles zoonoses ?
Ces dernières années, les zoonoses – maladies transmises par des animaux à l’humain - se sont multipliées. En cause : les modes de vie actuels, la déforestation et le dérèglement climatique.
"L'interface entre l'homme et l'animal est devenue assez instable", s'est alarmé il y a quelques jours le Dr Mike Ryan, responsable des situations d'urgence à l'OMS. "Les facteurs d'émergence et d'amplification de maladies ont augmenté", a-t-il poursuivi.
D'après l'Organisation mondiale de la santé animale, environ 60% des maladies émergentes sont des zoonoses, des maladies infectieuses transmises à l’homme par des animaux. Comment l'explique-t-on ?
Écosystème perturbé et déforestation
Parmi les raisons qui expliquent cette multiplication de zoonoses : l'augmentation des voyages qui leur permet de se diffuser plus rapidement et de manière incontrôlée, et un écosystème perturbé.
Autre raison invoquée : l’intensification des élevages industriels qui accroît aussi le risque de propagation de virus entre les animaux.
La déforestation renforce, elle, le risque de contacts entre la faune sauvage, les animaux domestiques et les populations humaines. "Quand on déforeste, on diminue la biodiversité : on perd des animaux qui régulent naturellement les virus, ce qui leur permet de se diffuser plus facilement", explique Benjamin Roche, biologiste à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), spécialiste des zoonoses.
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Mélanges d'espèces et transmissions à l'homme
Le dérèglement climatique va pousser de nombreux animaux à fuir leurs écosystèmes pour des lieux plus vivables. Or, en se mélangeant plus, les espèces se transmettront davantage leurs virus, ce qui favorisera l'émergence de nouvelles maladies potentiellement transmissibles à l'homme.
"On dispose aujourd'hui de moyens d'investigation faciles et rapides qui permettent de réagir vite en cas d'apparition de nouveaux virus. On est aussi capable de développer très rapidement des vaccins", assure Marc Eloit, de l'Institut Pasteur. Mais "toute une lignée de nouvelles maladies risquent d'émerger, potentiellement dangereuses. Il faudra être prêt", prévient Eric Fèvre, professeur spécialiste des maladies infectieuses vétérinaires à l'université de Liverpool (Royaume-Uni) et à l'International Livestock Research Institute (Kenya).
Il s’agit de "mettre l'accent sur la santé publique des populations" dans les environnements les plus reculés et de "mieux étudier l'écologie de ces zones naturelles pour comprendre comment les différentes espèces interagissent".
Dans l’optique de prévenir les risques de zoonoses et de pandémies, la France a lancé en 2021 l’initiative internationale "Prezode".