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Victime d'un naturopathe : "Pendant ce temps-là, le cancer gagnait du terrain"

Certains naturopathes sont devenus de véritables gourous qui mettent en danger la vie de leurs patients. Nous avons recueilli le témoignage d'une jeune femme, dont le compagnon victime d'une dérive sectaire est décédé d'un cancer à 41 ans.

Lucile Degoud
Rédigé le , mis à jour le
Dérives sectaires : des thérapeutes dangereux  —  Le Mag de la Santé - France 5

Il y a cinq ans, cette jeune femme a perdu son compagnon, âgé de 41 ans, d’un cancer du testicule. À l’annonce du diagnostic, en 2017, attiré par les médecines dites alternatives, il décide de se faire suivre par un naturopathe.

"C’est parce que le naturopathe lui a dit  « tu n'auras pas besoin de retirer ton testicule, tu n'as pas besoin de faire de chimio, la chimiothérapie, c'est du poison, la médecine conventionnelle, c'est une médecine de la mort...», qu'il était de plus en plus convaincu de sa démarche", explique-t-elle.

"Il est passé de 80 à 53 kilos"

Pour guérir son cancer, il suit un protocole très strict, basé sur des successions de jeûnes et de purges."Il fallait une préparation d'abord physique, c'est là qu'il est passé par le jeûne, et ensuite l'absorption de ricin ou d'autres produits pour nettoyer le corps. Les purges étaient très violentes. Il avait perdu énormément de poids, il est passé de 80 à 53 kilos. Il a perdu beaucoup de force et pendant ce temps-là, le cancer gagnait du terrain", poursuit-elle.

Pendant plusieurs mois, il est sous l’emprise de ce naturopathe aux méthodes déconcertantes, qui se présente comme un spécialiste du cancer. "Peu à peu, mon compagnon a changé. C’était vraiment quelqu’un qui n’était pas crédule du tout. Plus il était vulnérable et plus il faisait confiance à ce naturopathe. Il lui disait « continue, ton corps est en train de se débarrasser de ce cancer, de ces tumeurs »", confie-t-elle.

Une descente aux enfers

Après avoir suivi pendant un an le protocole du thérapeute, son conjoint est finalement hospitalisé. Des métastases ont envahi son corps. Malgré la chimiothérapie, il décède quelques mois plus tard.

"C'est plus qu'une descente aux enfers. Je ne souhaite à personne de voir son compagnon, la personne qu'on aime, se détériorer à ce point, de se sentir impuissante, de ne pas pouvoir l'aider parce que tout ce qu'on dit est contredit par une autre personne, c’est très très dur", précise-t-elle.

La jeune femme a porté plainte contre le thérapeute, Miguel Barthéléry. Il a été condamné à deux ans de prison avec sursis, une interdiction d’exercer et 5 000 euros de dommages et intérêts.

Les signalements ont doublé en six ans

La Miviludes, qui lutte contre les dérives sectaires, connaît bien ces nouveaux gourous de la santé"Toute personne peut être concernée, toute personne peut rencontrer des épreuves dans sa vie, que ce soit la maladie, des problèmes familiaux, des problèmes professionnels ou d'autre nature qui peuvent conduire à se tourner vers ce type de non-professionnels. Le nombre de signalements adressés à la Miviludes entre 2015 et 2021 a doublé, c'est passé de 2 000 à 4 000", explique Donatien Le Vaillant, chef de la Miviludes au ministère de l'Intérieur.

Ce nombre est probablement bien en dessous de la réalité, car dans la grande majorité des cas, par honte, les victimes ou familles de victimes n’osent pas porter plainte. 

Pour mieux lutter contre les dérives sectaires, le gouvernement a présenté un projet de loi et parmi les mesures phares figure la création d’un délit "d'incitation à l'abandon ou à l'abstention de soins". 

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