Victimes de bizutage, des élèves infirmiers dénoncent
Sur Tik Tok et Twitter, plusieurs étudiants infirmiers dénoncent des commentaires et des plaisanteries déplacés durant leurs stages.
Un an après le #balancetonstage, les stages en milieu hospitalier n'ont pas fini de parler d'eux. Sur le réseau social Tik Tok, une jeune infirmière sous le pseudo de Sam Intéresse a partagé le témoignage d’un bizutage dont elle a été témoin. “Dans un stage on m’a dit que quand un patient décède, on fait la blague aux stagiaires de leur faire prendre la tension pour voir à quel moment ils se rendent compte que la personne est morte.”
Le post est rapidement devenu viral. Avec 420 000 visionnages, plusieurs histoires similaires ont ainsi émergé. Sous la vidéo, un autre témoignage. “En premier stage infirmier, on m’a demandé d’aller féliciter une maman qui venait d’accoucher. C’était mon premier jour, et elle venait de perdre son bébé.” Des récits terribles, largement partagés par la suite sur les autres réseaux sociaux.
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Personnel "malveillant"
Sur Twitter, l’étudiante à l’origine de ce commentaire a complété son témoignage. “J’ai vécu un stage horrible. (Mes collègues) m’ont demandé de dire ça à la patiente, tout en étant derrière moi à rigoler. Aucun respect”, a-t-elle ajouté.
En 2018, l'infirmière et réalisatrice Raphaëlle Jean-Louis partageait les mêmes expériences de bizutage dans son livre Diplôme Délivré(e) : Parole affranchie d’une étudiante infirmière. “A quatre mois du diplôme, j’ai effectué un stage très difficile, avec des personnes malveillantes.” Une maltraitance sous forme d’humiliation. “Lorsque je faisais un pansement, des soignants s’amusaient à me mettre mal à l’aise face à ces patients, tout en m’ordonnant de réaliser des gestes qui n’étaient pas dans les normes.” Une adaptation cinématographique de son ouvrage est en préparation.
1300 démissions d'étudiants infirmiers
En visite à l’hôpital de Blois fin octobre, le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran a signalé que 1300 démissions d’étudiants infirmiers avaient été enregistrées entre 2018 et 2020. "Vous avez des étudiants infirmiers qui, pour leur premier stage, sont arrivés en pleine vague épidémique de Covid-19, et qui ont vu un hôpital qui ne correspond pas à l'hôpital du quotidien."
Mais si le secteur hospitalier ne minimise pas l’impact de l’épidémie sur les soignants, les comportements déplacés envers les stagiaires semblent aussi avoir leur responsabilité dans ces défections.