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Voici pourquoi il faut en finir avec les "préliminaires"

Les "préliminaires" sont profondément ancrés dans notre sexualité. Pourtant, ce concept mérite d'être remis en question. Une sexologue nous explique pourquoi.

Mathis Thomas
Rédigé le

Que signifient réellement les "préliminaires" ? Derrière ce terme se cache souvent dans l'imaginaire collectif un ensemble de pratiques diverses et variées visant à la stimulation intime avant de "passer aux choses sérieuses", sexuellement parlant.

Pourtant, depuis plusieurs années, le concept de "préliminaires" est désormais largement remis en question. Joëlle Mignot, psychologue et sexologue clinicienne, autrice d'Aide-mémoire - Psychosexologie, décrypte les raisons qui expliquent pourquoi ce concept mérite d'être abandonné au profit d'une vision plus inclusive et égalitaire de la sexualité.

Préliminaires : de quoi parle-t-on ?

Traditionnellement, les "préliminaires" désignent les caresses, baisers, sexe oral (cunnilingusfellation et anulingus) et autres formes de stimulations intimes réalisées avant le coït, souvent vu comme le point culminant de l’acte sexuel. Cette vision reflète une hiérarchie implicite entre les différentes pratiques sexuelles. "Hiérarchie qui n'a pas lieu d'être", soutient Joëlle Mignot, psychologue et sexologue clinicienne. "L'utilisation du terme préliminaires suppose que ces moments d’intimité ne sont qu’un prélude, un simple échauffement en vue de l’objectif principal : la pénétration et l'orgasme."

Une telle approche peut invisibiliser d'autres pratiques sexuelles, tout autant vectrices de plaisir et importantes dans l'épanouissement des partenaires. "Le plaisir n’est pas forcément lié à l’orgasme et l’orgasme n’est pas forcément synonyme de plaisir", abonde en ce sens Joëlle Mignot.

Cette hiérarchisation des pratiques est également biaisée par des normes sociales et sexuelles centrées sur l'hétérosexualité et le patriarcat, érigeant la pénétration comme totem immuable de la sexualité. Or, "tout acte sexuel doit être envisagé comme une finalité en soi", plaide Joëlle Mignot. "Les caresses ou les baisers peuvent suffire à combler les attentes de chacun·e, sans que cette étape ne soit jugée secondaire ou annexe."

À lire aussi : Quand sexualité sans pénétration rime avec plaisir et sensations

Un modèle patriarcal gravé dans l'inconscient collectif

Ce n'est donc pas tant les "préliminaires" qu'il convient de critiquer, mais bien le concept même de ce que ce terme charrie. "Il induit l'idée que le rapport sexuel se déconstruit en trois actes : les préliminaires, la pénétration et l'éjaculation", indique la sexologue clinicienne. "Cette conception, très hétéronormée et centrée sur un modèle patriarcal de reproduction, crée une hiérarchisation implicite des pratiques sexuelles."

Joëlle Mignot souligne que ce "modèle introjecté", gravé dans l'inconscient, impose une vision linéaire et performative de la sexualité, renforcée par des schémas culturels et sociaux rigides. D'où l'importance de "sortir du dogme imposé", appuie-t-elle, insistant sur l'importance de déconstruire ces idées reçues pour explorer d'autres formes de plaisir et de satisfaction. "Par exemple, les caresses clitoridiennes, mais aussi l'imaginaire ou simplement le langage, peuvent être considérées comme des pratiques sexuelles à part entière."

Le poids de la performance

La société impose également des attentes de performance sexuelle qui figent les comportements et créent des tensions au sein des couples. "Les consultations en sexologie sont souvent liées à ces schémas rigides et aux difficultés qu’ils engendrent", note Joëlle Mignot. "Beaucoup d’hommes et de femmes restent figés dans l’idée que la satisfaction passe uniquement par l’orgasme. Pourtant, il est possible de vivre des moments intimes sans viser systématiquement cette finalité."

Même une fois cette "finalité" atteint, il ne s'agit pas d'une finalité en soi. "On observe effectivement une phase réfractaire après l'orgasme, où le désir baisse naturellement", signale la sexologue. "Or, cette phase, vécue aussi bien par les hommes que par les femmes, est souvent interprétée comme une fin obligatoire au rapport sexuel, au détriment d’un moment de repos, de discussion ou de connexion émotionnelle."

Avec l'évolution des mentalités en la matière, la sexualité peut devenir un espace d'exploration et de liberté. "Dans ce domaine, tout peut bouger, tout peut se créer", se réjouit Joëlle Mignot. "En abandonnant les idées que le terme « préliminaires » véhicule, les couples peuvent ouvrir la voie à une sexualité plus fluide, où chaque pratique est valorisée et où le plaisir est dissocié de la performance." La communication devient alors la clé d'une relation épanouie, où l'écoute des désirs et envies de chaque partenaire ouvre la porte à des relations sexuelles épanouissantes et jouissantes... ou non ! 

Le Mag de la Santé - France 5

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