Voici pourquoi les "infirmiers en colère" manifestent cette semaine
Les infirmiers libéraux se mobilisent lundi et samedi pour réclamer une revalorisation de leur rémunération, à hauteur de l’inflation.
"Nous sommes les oubliés du Ségur de la santé", déplore le collectif des "infirmiers libéraux en colère", à l'origine des opérations escargot menées dans cinq villes de France ce lundi 12 février. Ils prévoient de manifester à nouveau samedi 17 février, pour demander une revalorisation des tarifs de leurs actes, bloqués depuis quinze ans malgré la progression de l'inflation.
Quelles sont les demandes des infirmiers libéraux ?
"On demande une augmentation des tarifs de nos actes (remboursés par la Sécurité sociale), qui n'ont pas été revalorisés depuis 2009. Sachant que l'inflation a progressé dans le même temps de 28%, il y a des soins qu'on ne peut plus faire, parce qu'on est presque à perte", a expliqué à l'AFP la co-présidente du collectif, Gaëlle Cannat, infirmière dans les Bouches-du-Rhône.
Par exemple, "certaines infirmières à la campagne, qui ont de grandes distances à parcourir, ne font plus les injections. Quand on est payé 7,25 euros brut de l'heure, pour l'acte et le déplacement, financièrement ce n'est plus tenable", a-t-elle poursuivi.
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"Prenez des piécettes et fermez-là"
Les indemnités forfaitaires de déplacement, qui s'appliquent pour les soins à domicile, ont été récemment revalorisées de 25 centimes. "On est passés de 2,50 à 2,75 euros. On a eu l'impression qu'on nous disait : «prenez des piécettes et fermez-là»", commente Mme Cannat. D'autres types d'indemnités kilométriques qui s'appliquent en milieu rural "n'ont pas été revalorisées".
Le collectif souhaite rencontrer le nouveau ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux. "Des cabinets ferment, on est obligés de prendre de plus en plus de soins par jour, d'enchaîner", a-t-elle plaidé.
Quelques centaines de manifestants
Selon le collectif, quelques centaines de personnes ont manifesté au total lundi à Bordeaux, Gap, Marseille, Bayonne et Dijon. La mobilisation, perlée, a débuté fin janvier en région Rhône-Alpes dans le sillage du mouvement des agriculteurs avant de s'étendre, avec à ce stade une vingtaine de manifestations locales sur six journées.
Difficile pour les libéraux de faire grève, en raison notamment de la permanence des soins. Mais "samedi 17, on sera tous dans la rue", prévient Gaëlle Cannat.
Également mobilisé, le syndicat Convergence infirmière indique dans un communiqué avoir lancé "une opération d’envoi des feuilles de soins papier tous les 15 jours à la CPAM (caisse primaire d'assurance maladie) pour les actes gratuits" pour les "embouteiller". Le syndicat "accompagne" et "soutient" aussi les mobilisations de terrain.